samedi 28 avril 2012

samedi 14 avril 2012

Joseph GIRAUD, "jacques" d'Aix

Ce que l'on sait de ....
Joseph GIRAUD, "jacques" d'Aix ...
Que signifie ce terme "jacques" en nom commun ?
En fait il y avait un hôpital Saint-Jacques à Aix en Provence où, entre autres soins, on recueillait les enfants abandonnés, qui parfois venaient de loin : "trouvé sous un porche", "sur la route d'Aubagne", "trouvé à Martigues", etc...
C'était une oeuvre qui les acceptait, qui était connue et qui se chargeait de les mettre en nourrice dans les villages des Alpes même lointains, "au bon air". On les suivait : chaque enfant avait sa page dans un grand registre, avec sa date de naissance, parfois le nom de la mère, puis, chaque année les fournitures de vêtements, 2 chemises, 2 paires de bas, 1 paire de souliers, parfois un drap, une pièce d'étoffe et quelques subsides ; on est loin de tout ce qui entoure nos enfants. Certaines pages étaient presque blanches, en marge on notait : décédé à 8 jours, 1 mois, d'autres plus remplie, ils avaient survécus.
Joseph GIRAUD, lui, est né le 8 février 1767 dans l'hôpital; la sage-femme l'apporte à l'oeuvre, sans donner le nom de la mère. Il est baptisé "Joseph" le surlendemain à Saint-Sauveur (cathédrale). Il est tenu sur les fonds baptismaux par Alphonse ARMAND et Jeanne FAURY.

Acte de baptême de Joseph Giraud
Puis on le confie "aux femmes de l'hôpital" et le 10 février, on l'expédie en nourrice à Saint-Martin de Brômes (04)...
Qui pouvait être sa mère ? Sûrement pas une fille-mère, car elle aurait dû se déclarer enceinte, donner son nom, son origine, ses père et mère, parfois le nom du père "des oeuvres d'Untel", ceci pour éviter les avortement et infanticides qui étaient punis de mort par pendaison ... Brrr. Certaines filles confiaient l'enfant en spécifiant qu'on puisse bien le reconnaître ultérieurement, puis elle revenaient quelques mois après le légitimer et le rechercher : c'était assez rare toutefois. L'ouvre ne les rendait pas toujours, certaines ayant montré une vie trop dissolues : 3e ou 4e grossesse.
Pour notre Joseph ceci est à exclure. Alors ? Peut-être une femme mariée dont le mari était absent : à la cour, à une guerre, une expédition lointaine, un voyage d'affaire ... Il n'aurait pas aimé trouver un oiseau de plus dans le nid à son retour ...
Mais alors pourquoi GIRAUD ? car ce n'est pas un second prénom de baptême et c'est le nom qu'il transmet à sa fille. Mystère là dessus. Est-ce le nom de sa mère , celui de son père ? On ne le saura pas.
Le 10 février, il a deux jours, on l'expédie à Saint-Martin de Brômes chez sa nourrice Louise ANGARIER, épouse de Joseph CHABERT, ménager ; j'ai pu retrouver quelques traces d'eux; ils ne sont pas tout jeunes : ils ont eu déjà, entre autres, Jean Joseph ° 1753, Melchior ° 1759, Alexandre ° 1762 et d'autres ensuite puisqu'elle le nourrit en 1767. Peut-on imaginer ce voyage avec un nouveau-né à environ 60 km en plein mois de février. Comment ? Dans un panier sur un cheval ?
Comment l'a t-on alimenté : il n'y avait pas de biberons. Alors en charrette avec une nourrice d'accompagnement ? Ou bien sa nourrice est-elle venue le chercher ? Comment se faisait la liaison entre l'hôpital et les nourrices prêtes à accueillir ? La téléphone n'existait pas. A Saint-Martin de Brômes j'ai relevé beaucoup de décès de bébés provenant de Marseille; ils ne survivaient pas souvent. Joseph devait être solide, il a survécu. En marge, sur sa page de registre le 27 décembre 1773 on a noté "Donné certificat de capitation" (sa carte d'identité) il a 6 ans 1/2. Là s'arrête les fournitures de l'hôpital. Il doit donc gagner sa vie ?
Et on le retrouve à Saint-Martin, dont il n'a sans doute pas bougé, il a 25 ans et il se marie :
"Joseph, surnommé GIRAUD, 25 ans, cultivateur (il ne signe pas) autorisé de son curateur André CHABERT à épousé Marguerite JOURDAN, fille e Mayeul JOURDAN, berger et de Madeleine AVON" le 12 septembre 1791 à Saint-Martin de Brômes.
Qui est son curateur ? Un fils aîné de la famille qui l'a élevé, un oncle, je ne l'ai pas encore trouvé car il y a beaucoup de lacunes dans les registres paroissiaux.
Je dois remercier intérieurement cette famille d'avoir élevé cet ancêtre, peut-être s'y sont-ils attachés. Sa fille Marie GIRAUD née le 3 janvier 1792 est la bisaïeule de son grand-père paternel, ce n'est pas si loin.
Les recherches dans cette branche s'arrêtent donc avec lui, mais pas les questions, ni quelques éléments de réflexion. Comme la généalogie n'était pas la préoccupation majeure de notre famille, je n'en avais jamais entendu parler. Peut-être aussi l'a t-on occulté, car j'ai des échos fort peu amènes sur certains autres ...
Sur l'oeuvre de l'hôpital : comment était faite la surveillance qui avait l'ai réelle ? Venait-on montrer l'enfant pour recevoir la suite des vêtements et subsides ? Qui fournissait les fonds ? etc...
Au fils des relevés systématiques on imagine la vie à ces époques quand on se plaint de nos jours, était-ce là la "belle époque".
R. MICHEL
Adhérente C.G.A.H.P.